La journée d’échange MAREGOT s’est déroulée le 18 octobre 2018 à GRIMAUD.
Projet MAREGOT : MAnagement des Risques de l’Érosion côtière et des actions de GOuvernance Transfrontalière1
“MAREGOT est un projet visant à la prévention et à la gestion conjointe des risques liés à l’érosion côtière au sein des territoires littoraux de Corse, PACA, Ligurie, Sardaigne et Toscane.
En participant à l’amélioration des connaissances sur les phénomènes érosifs et sur la dynamique côtière, MAREGOT vise à identifier les meilleures pratiques de gestion du territoire côtier transfrontalier et à mieux s’adapter aux risques associés aux changements climatiques.
Objectifs du projet :
- Améliorer les connaissances et les systèmes de surveillances et de suivi des phénomènes d’érosion côtières.
- Élaborer une stratégie conjointe d’intervention transfrontalière, afin d’établir les plans d’intervention tenant compte des spécificités des territoires.
- Planifier et programmer des interventions pour la gestion intégrée du littoral.“
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Compte rendu synthétique
La volonté des organisateurs est de faire se rencontrer et travailler ensemble les acteurs de ces territoires. Aussi bien les équipes scientifiques, les gestionnaires de sites protégés, les services publics, les collectivités que les structures spécialisées dans la sensibilisation et l’éducation à l’environnement et les ONG.
Des présentations ont été réalisées dans ce sens, afin de valoriser des travaux réalisés de part et d’autre de la frontière, sur des activités de recherches scientifiques (Géologie, Biologie Marine), des actions de gestion sur les banquettes de Posidonie (Posidonia oceanica – K.D.Koenig, 1805) ou par exemple le développement de l’application gratuite de sciences participatives “RIVAGES“2, qui permet de suivre l’évolution du trait de côte.
Note : cette application a été développée par le Centre d’Études et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement (CEREMA)3.
Notre collectif a été contacté par le Chef de projet européen MAREGOT pour la mise en place d’un partenariat ayant pour objectif de la promouvoir. Des échanges sont actuellement en cours pour en déterminer les modalités.
L’élément clef qui ressort de cette journée est la volonté de changer de paradigme. Les choses n’ont pas été détaillées comme cela, mais nous les résumerons à gros traits comme suit pour bien faire ressortir les objectifs visés.
Jusqu’à présent, l’espèce humaine et plus particulièrement les cultures des pays occidentaux de l’hémisphère Nord, se considéraient comme gestionnaires de la planète et cherchaient des solutions techniques pour répondre aux problématiques rencontrées, dans l’objectif d’arriver à leurs fins. Cette position était doublée d’une vision qu’il est possible de qualifier de fixiste de l’environnement (vision à l’échelle d’une vie ou de quelques générations).
Ce paradigme d’origine nous amène aujourd’hui à des impasses ou à des solutions de court terme extrêmement coûteuses, car nos moyens techniques, humains et financiers sont limités.
Dans le contexte des changements climatiques en cours, il est donc important de tenir compte des résultats des travaux de recherches récents et de repenser nos méthodes de gestion et d’aménagement.
Ce changement de paradigme prend aujourd’hui le nom de “Solutions fondées sur la nature”.
Cette nouvelle approche a été développée par l’UICN et présentée en 2005 lors de la publication des travaux du Millennium Ecosystem Assessment4, commandés par l’ONU quatre ans plus tôt.
L’objectif visé est de ne plus systématiquement lutter contre la nature pour arriver à faire ce que nous souhaitons sur nos territoires, mais tenir compte de nos connaissances de la dynamique des milieux dans l’espace et dans le temps, pour concevoir nos actions de gestion et d’aménagement de façon plus “durables”. Nous pouvons citer ici en exemple le projet ADAPTO5 du Conservatoire du Littoral, en lien avec la mobilité naturelle du trait de côte renforcée par l’effet des changements climatiques 6
La notion de “Solutions fondées sur la nature” est donc un “concept parapluie”, dont les critères seront normalement validés lors du prochain Congrès Mondial de la Nature7 qui aura lieu à Marseille en 20208.
Elle semble vouloir déjà s’appuyer sur 3 axes principaux :
- Une gestion fondée sur les écosystèmes
- L’amélioration de la gestion
- La restauration ou la création d’écosystème.
Même si le principe “Éviter, réduire et compenser” les impacts sur l’environnement est aujourd’hui inscrit dans la stratégie européenne pour la biodiversité et doit être décliné par les États membres dans leur législation, il nous semble nécessaire de rester particulièrement attentif au point 3 lié aux questions de “Génie Écologique”. Point qui a à peine été cité durant cette journée, alors que des projets pilotes ont été développés ces dernières années sur le littoral, pour permettre à certaines actions d’ampleurs de voir le jour grâce à la mise en œuvre de mesures dites “compensatoires”.
L’un des derniers exemples proche de notre territoire qui peut être cité, est celui de l’extension en mer de la Principauté de Monaco9, avec le déplacement de plusieurs espèces protégées : herbiers de posidonies10, trottoirs à Litophyllum (Lithophyllum bissoïdes – (Lam.) Foslie, 1900) et Grandes nacres (Pinna nobilis – Linnaeus, 1758)11.
Ce nouveau paradigme en cours ne doit donc pas nous faire oublier ce qui semble vouloir rester une partie de ses limites. Plusieurs questions se poseront encore.
Nous en posons ici 4 qui ne se veulent pas exhaustives : dans quels contextes et à quel moment devons-nous accepter de tels chantiers ? Serons-nous certain de bien évaluer les impacts à venir de certains de ces projets dans l’espace et dans le temps ? Serons-nous réellement en capacité d’évaluer “l’équivalence écologique” proposée par l’action de Génie Écologique compensatoire ? Des projets pilotes pourront-ils encore être acceptés en essai de compensation ?
Devant partir avant le début de la dernière session de la journée à cause d’un autre rendez-vous, la fin du compte rendu a été confiée à Monsieur Jean-Charles TOURNEUR, de l’association l’Eau Partagée, membre du collectif. Le CIETM le remercie d’avoir pris la responsabilité et le temps de réaliser ce travail.
Nous remercions également les organisateurs et tous les participants à cette journée riche en informations, en échanges et en rencontres.
SESSION 3 – Mieux sensibiliser et impliquer les parties prenantes sur les solutions fondées sur la nature
Sensibiliser (localement)
Madame Élodie DOZE du Conservatoire du Littoral présente la plate-forme MOCOMED servant à informer tous les publics des risques liés au littoral. Elle est documentée par :
– des supports dynamiques informant de l’état des lieux, soit naturels, soit anthropisés
– des documents relatifs à ces questions et à ces lieux
– éventuellement, des documents historiques
– des fiches dont l’origine des contenus sont divers (élus, citoyens, scolaires, …).
Former (les élus)
Madame Sophie GIACOMAZZI présente l’action du Conservatoire du Littoral pour porter à la connaissance des élus locaux, l’état d’une section de la baie du Mont Saint-Michel et leur permettre de faire face à leur responsabilité en prenant objectivement les décisions nécessaires. La partie de la côte envisagée est constituée de tronçons sableux et urbanisés, de parties rocheuses et de falaises, ce qui entraîne des dissensions parmi les intéressés. Le jugement des choix dépendant d’une évaluation des besoins à court ou long terme.
Cette situation montre à quel point le changement de paradigmes est incontournable, mais permet aussi d’imaginer et de profiter des opportunités innovantes qu’offrent certaines contraintes.
Coopérer (par delà les frontières – Projet MAREGOT, Italie)
Monsieur Luigi CIPRIANI expose la position de sa région (Toscane) face au problème de l’érosion côtière. Le travail effectué ne consiste qu’en un collationnement des documents existants en respectant les directives européennes et/ou nationales. L’organisation de leur gestion n’est donc pas semblable à celle de la France et demandera un très gros travail de réforme pour atteindre la compatibilité.
Monsieur Mario DERIU (Sardaigne) explique que le contour de son île est presque exclusivement rocheux et que les risques de détérioration sont peu visibles. Il n’y a donc pas, ou peu, de mobilisation politique, qui favorise toujours un urbanisme peu contraignant dans la perspective d’un développement économique à court terme.
Il conviendrait d’abord de promouvoir la sensibilisation pour introduire l’idée d’une Gestion Intégrée des Zones Côtières (GIZC), dans une synergie qui semble devoir être très complexe. La notion de long terme ne bénéficiant pas de compétences suffisantes pour s’imposer.
Madame Ilaria FASCE (chef de file projet MAREGOT) est invitée à conclure les échanges transfrontaliers, ce qu’elle fait d’une façon très protocolaire.
Conclusion de la journée
Monsieur François FOUCHIER, Délégué régional PACA du Conservatoire du Littoral, fait une longue promotion très convaincante des investissements à consentir pour permettre un redressement de notre Société.
Il clôture les travaux en exprimant ses remerciements à tous ceux qui ont contribué à la réussite de la journée, dont une salle comble.
Lien vers le compte rendu officiel avec détails des présentations réalisées (A venir dès leur parution)
Pour aller plus loin : http://iczmplatform.org/page/france
3 https://www.cerema.fr/fr/innovation-recherche/innovations/rivages-application-gratuite-participer-surveillance-du
5www.conservatoire-du-littoral.fr/include/viewFile.php?idtf=10637&path=c4%2F10637_478_2017-1115_Plaquette_adapto_BDef.pdf
8 https://www.iucn.org/fr/news/secretariat/201805/la-france-accueillera-le-congr%C3%A8s-mondial-de-la-nature-de-luicn-2020